Moulins, chef-lieu du département de l'Allier Bourbonnais, posée sur les rives d'une rivière éponyme qu'enjambe le pont Régemortes, resplendit encore de l'héritage des Ducs de Bourbon qui firent de la cité, leur capitale politique, administrative, culturelle et artistique. Six siècles plus tard, Moulins porte la marque des fastes et des richesses de l'ère des Bourbons à travers quelques-uns de ses plus emblématiques identités remarquables que sont la cathédrale Notre-Dame de l'Annonciation, le pavillon Anne de Beaujeu, le château ducal et son donjon, la "Mal Coiffée", l'horloge-beffroi du Jacquemart et la plus tardive, église du Sacré-Coeur.

Cathédrale Notre-Dame de l'Annonciation

Cathédrale Notre-Dame de l'Annonciation - Photographie réalisée le 17 septembre 2023
Cathédrale Notre-Dame de l'Annonciation - Photographie réalisée le 17 septembre 2023
Au Xè siècle, une modeste chapelle dédiée à saint-Pierre est offerte à l'abbaye de Cluny et devient, au XIIè, dépendante du prieuré clunisien de Souvigny.

En 1327, après l'érection du Bourbonnais en duché, les premiers ducs de Bourbon établissent leur résidence à Moulins. Quelques années plus tard, en 1378, Louis II obtient une bulle du pape Clément VII pour établir un chapitre collégial dans la chapelle Notre-Dame et en 1386, l'évêque de Nevers fait ériger la chapelle en collégiale dédiée à Notre-Dame-de-l'Annonciation.

En 1476, après la mort de la duchesse Agnès, son fils, le duc Jean II, reprend la construction de la collégiale. Cette construction a été poursuivie par son fils, le duc Pierre II et son épouse Anne de Beaujeu (Anne de France, fille du roi Louis XI) qui offrent un somptueux triptyque dédié à la Vierge en gloire à la collégiale : le triptyque du "Maître de Moulins".

En 1788, le roi Louis VI décide d'établir un évêché à Moulins, avec Étienne des Gallois de La Tour comme premier évêque. Cependant, en raison de la Révolution française, sa consécration épiscopale n'a pas eu lieu.

En 1822, le diocèse de Moulins est officiellement érigé par une bulle papale et Antoine de Pons de Lagrange devient le premier évêque de la cité moulinoise.
Avec la nomination de Pierre-Simon de Dreux-Brézé, l'agrandissement de la collégiale est envisagé et elle devient finalement une cathédrale.

Ce résumé illustre l'évolution d'un humble lieu de culte qui deviendra, au fil des siècles, une importante cathédrale avec de significatives contributions des ducs de Bourbon et des autorités religieuses.

Pavillon Anne de Beaujeu

Pavillon Anne de Beaujeu - Photographie réalisée le 17 septembre 2023
Pavillon Anne de Beaujeu - Photographie réalisée le 17 septembre 2023
Témoin de l’ampleur du mécénat des Bourbons qui firent de Moulins, en 1327, la capitale politique et culturelle du puissant duché du Bourbonnais, le pavillon Anne de Beaujeu est construit dans le prolongement nord d'un château remanié et agrandi, en 1488, par Pierre et Anne de Beaujeu. Ce pavillon est l'un des tous premiers édifices de style Renaissance apparu en France, style que Charles VIII découvre lors de ses expéditions militaires en Italie et qu'il introduit en France, grâce aux artistes transalpins qu'il ramène avec lui. L’édifice se compose d’un bâtiment central où le rez-de-chaussée est formé d'un portique à l’italienne et d'une galerie ouverte par une série d’arcades régulières. Le décor reflète toute la délicatesse et le savoir-faire ornemental de la Renaissance avec ses pilastres cannelés, ses feuilles d’acanthe, ses cornes d’abondance où se mêlent de nombreuses références aux Bourbons : les initiales des commanditaires, la "ceinture Espérance" (emblème de Louis II) , le Cerf Ailé (emblème de Charles III) ou le Chardon. En 1532, le puissant duché est démantelé et le pavillon devient propriété royale avant d'appartenir au prince de Condé. Non entretenu, il est alors morcelé puis vendu comme ruine. Dès 1839, le pavillon fait office de gendarmerie mais il est sauvé, en 1840, par son classement sur la première liste des Monuments Historiques, qu'en dresse Prosper Mérimée. Restauré, le pavillon Anne de Beaujeu accueille depuis 1910, le Musée départemental d’art et d’archéologie. Il invite le visiteur à découvrir des collections riches et variées : égyptologie, archéologie régionale, histoire de la famille de Bourbon, sculpture médiévale bourbonnaise du Moyen Âge et de la Renaissance, peinture, sculpture et arts décoratifs principalement d’Allemagne et des Pays-Bas des XVè et XVIè siècles, art décoratif moulinois du XVIIIè siècle (faïence et coutellerie), peintures et sculptures du XIXè siècle. Il a parfois été qualifié de Petit Louvre en région.

Château ducal et donjon dit la "Mal Coiffée"

Château ducal et donjon dit la "Mal Coiffée" - Photographie réalisée le 17 septembre 2023
Château ducal et donjon dit la "Mal Coiffée" - Photographie réalisée le 17 septembre 2023
Elle trône fièrement au cœur de la ville de Moulins depuis plus de 600 ans. Emblème du patrimoine moulinois et bourbonnais, cette tour a connu les splendeurs de la monarchie et les drames de la Seconde Guerre mondiale. Appelée communément ''la Mal Coiffée'' du fait de sa toiture tronquée, elle est aujourd’hui un lieu de mémoire où les marques du temps sont visibles sur ses épais murs en pierre. Au milieu du XIè siècle, lorsque Moulins devient un lieu stratégique pour les seigneurs de Bourbon, à la croisée des voies terrestres et navigables, la petite ville de Moulins est affublée d’une tour érigée en haut d’un promontoire. Idéalement située pour observer les allées et venues des visiteurs et des éventuels envahisseurs, la tour se métamorphose en château, dès 1327, pour devenir un palais et une place forte défensive. En 1366, Louis II de Bourbon reprend les rennes de son duché et décide de rebâtir le château. Dès 1375 et pendant plus de trente ans, les ouvriers s’attèlent à monter pierre après pierre, les murs des quatre ailes disposées autour de la cour intérieure et des quatre tours. Ces dernières sont toutes couronnées de créneaux, de mâchicoulis et de hourds, sauf la tour maîtresse qui a été creusée pour faire office de citerne. Le Duc, contemplant sa tour se serait écrié : ''C’est une belle tour, mais elle est mal coiffée !''. Le Duc... ou le roi ? Car un débat d'historien attribue cette expression à Louis XIV mais dans les deux cas, ce surnom lui colle à la peau...

Horloge-beffroi "Le Jacquemart"

Horloge-beffroi "Le Jacquemart" - Photographie réalisée le 17 septembre 2023
Horloge-beffroi "Le Jacquemart" - Photographie réalisée le 17 septembre 2023
En l'an 1452, Charles Ier de Bourbon prend une décision audacieuse : la construction d'une tour d'horloge digne des horloges de Flandre, renommées pour leur précision. Pour financer ce projet ambitieux, un impôt est levé, touchant même les communes voisines. La construction démarre en fanfare et, en seulement trois ans, en 1455, la majestueuse tour de l'horloge se dresse fièrement dans le paysage Moulinois. La première tour, bien différente de celle que l'on connaît aujourd'hui, se terminait par une corniche ornée de gargouilles imposantes. Cependant, le destin en décida autrement, et en 1655, un terrible incendie la réduisit en cendres. C'est lors de la reconstruction qu'une décision visionnaire est prise : doter le Jacquemart de trois cloches et de quatre automates en bois, donnant ainsi naissance à des personnages mémorables. Parmi eux, le père Jaquemart, sa femme Jacquette, l'enfant Jacquelin et la petite Jacqueline. Ces automates, symboles de la puissance de la ville, apportent une touche d'humanité à la machine. Dès la fin du XIVè siècle, la tendance des horloges à intégrer des automates se multiplie. Les habitants de Moulins commencent à parler de "Jacquemart," faisant ainsi référence aux personnages animés qui ornaient la tour de l'horloge. Au sommet de Jacquemart, une cloche massive (4250 kg) marque inlassablement les heures. Elle s'est allégée depuis. Les jeunes Jacquelin et Jacqueline, quant à eux, rythment les quarts d'heure en frappant des cloches plus légères, pesant respectivement 125 et 150 kg. La tour de l'horloge est devenue bien plus qu'une simple construction en pierre. Elle est un rappel constant de la riche histoire de Moulins et elle affirme toute l'importance de préserver son héritage. Chaque jour, ces automates et leur cloche sonnent la vie, l'histoire et le rythme de cette belle ville des bords de l'Allier, en Bourbonnais.

Église du Sacré-Coeur

Église du Sacré-Coeur - Photographie réalisée le 17 septembre 2023
Église du Sacré-Coeur - Photographie réalisée le 17 septembre 2023
L'église du Sacré-Cœur, située au cœur de Moulins, est un chef-d'œuvre architectural qui marie harmonieusement histoire et foi. Nichée entre le quartier historique des ducs de Bourbon et les rives paisibles de l'Allier, cette église offre une très riche expérience visuelle. La structure de l'église est un magnifique exemple du style néo-gothique qui rappelle les grandes cathédrales des XIIIè et XIVè siècles. La nef, composée de trois travées, accueille les visiteurs avec une élégance intemporelle. Le chœur, quant à lui, est doté d'un déambulatoire entouré de chapelles rayonnantes, une caractéristique typique des églises gothiques. La façade ouest est un chef-d'œuvre de détails sculptés, mettant en scène le Sacré-Cœur de Jésus. Trois portails majestueux invitent les fidèles et les visiteurs à entrer dans ce sanctuaire exceptionnel. Chacun des tympans est orné d'un décor sculpté dédié au Sacré-Cœur, rappelant la dévotion catholique à cet aspect du Christ. L'église du Sacré-Cœur est construite en grès de Coulandon, qui lui confère une chaleur et une texture qui se marient parfaitement avec l'esthétique gothique. Ses proportions sont soigneusement étudiées, avec une hauteur sous voûtes impressionnante de 24 mètres, créant un espace d'une grandeur édifiante. De plus, les deux flèches en façade, qui semblent dialoguer avec celles de la cathédrale, s'élèvent majestueusement à 74 mètres au-dessus de la place d'Allier, ajoutant sveltesse et splendeur à l'édifice. L'histoire de cette église est tout aussi captivante que son architecture. Initialement érigée en 1751 en tant que paroisse Saint-Nicolas, elle est installée dans le quartier des mariniers de la Loire. L'église actuelle est en fait l'ancien édifice du couvent des Dominicains, construit au début du XVè siècle. Cependant, son histoire prend un tournant significatif en 1839 lorsque l'abbé Martinet décide de construire une nouvelle église, dédiée au Sacré-Cœur de Jésus. Cette église est la première en France à recevoir cette dédicace particulière. En reconnaissance de son importance historique et architecturale, l'église du Sacré-Cœur a été inscrite au titre des monuments historiques le 30 septembre 1991. Ce trésor témoigne de la foi, de l'art et de l'histoire en un lieu où le divin et l'humain se rejoignent pour créer une expérience spirituelle et esthétique marquante.