Enchâssée sur les restes d'une ancienne tour du château des Ducs de Bourbon, entre le donjon dit "La Mal Coiffée" et le pavillon Renaissance "Anne de Beaujeu" (actuel musée départemental d'art et d'histoire), faisant presque face à la cathédrale Notre-Dame de l'Annonciation dont les flèches s'élancent avec sveltesse, vers les cieux moulinois, la Maison Mantin est une surprise, une curiosité, un trésor encore trop méconnu au coeur de Moulins.
Louis Mantin, né en 1851 dans une famille aisée liée à la fabrication de meubles et de décoration intérieure, mène une carrière dans l'administration préfectorale, après des études de droit à Paris, dont les affectations le mèneront de Gap à Montpellier, d'Embrun à Limoges.

Après avoir hérité de ses parents dans les années 1880, il se retire en 1893 (mise en disponibilité) pour se consacrer à la construction de sa Maison qui sera achevée en 1895-1896 et dans laquelle il vivra jusqu'à sa mort en 1905.

Avec ce projet de reconstruction, Louis Mantin souhaite pouvoir montrer ses œuvres d'art et sa collection d'antiquités. La maison est conçue par un architecte de renom local, René-Justin Moreau (1858-1924), en collaboration avec son père, Jean-Bélisaire Moreau (1828-1899), également architecte.

Louis Mantin conserve une partie de la construction de son grand-père, faisant raser le reste de l'édifice pour construire sa villa, entourée d'un jardin et d'une terrasse.

Cette maison est un exemple d'architecture éclectique de la fin du XIXè siècle, initialement conçue comme une demeure gothique qui évolue vers un style pittoresque avec des éléments de villa balnéaire. Elle présente un mélange de styles architecturaux à l'intérieur, tels que des boiseries dans l'étude et la salle à manger, une salle néo-Renaissance appelée "des quatre saisons" avec des moulures en plâtre et des peintures de style Louis XVIII, ainsi qu'une salle de bain moderne avec des vitraux et des peintures de style Art nouveau.
La Maison Mantin préfigure la tendance "château-villa" qui associe des éléments de châteaux et de villas dans une conception unique.

Louis Mantin n'a aucun héritier. Il lègue sa maison à la ville de Moulins à sa mort en 1905 et dans son testament il mentionne sa volonté que la maison soit gardée intacte, afin de montrer aux visiteurs, cent ans plus tard, ''un spécimen de maison bourgeoise du XIXè''. Cependant le testament stipule que le legs prendra effet à la condition que le musée Anne de Beaujeu ainsi que la maison soient tous deux ouverts au public cinq ans après sa mort.

Contrairement à la croyance populaire selon laquelle la maison est restée close pendant cent ans, elle ouvre ses portes en 1910 mais les referme durant de longues périodes en raison de problèmes de conservation des collections. La maison est restaurée par le Département de l’Allier et réouverte en 2010 en tant que musée, offrant aux visiteurs un aperçu du mode de vie bourgeois du XIXè siècle.