Modifié le 8/06/2024
Street Art City - Allier
Haut lieu de l’art pictural urbain
Ancien centre de formation de France Telecom, Street Art City, créé en 2015 à Lurcy-Lévis, est devenu depuis, la seule résidence artistique au monde entièrement dédiée à l’art urbain pictural.
Toute l’histoire de ce lieu commence en 2003, lorsque Sylvie et Gilles Iniesta décident de racheter un terrain à Lurcy-Lévy : » C’était l’ancien centre de formation des PTT, inauguré en 1982 et fermé en 1992 puis abandonné. On l’a racheté à France Télécom. Depuis cette année, on cherchait une destination pour l’ensemble des bâtiments, établis sur 10 hectares. C’est 7.000 m² de bâtiments : une véritable micro-ville « .
C’est le 22 janvier 2015 en fin d’après-midi, alors qu’elle promenait son chien, que Sylvie a une révélation : recouvrir les bâtiments de graffitis. Les grafittis ? Le Street Art ? Des domaines et une culture auxquels le couple est pourtant totalement néophyte.
Gilles se souvient : » On a passé la nuit entière à regarder tout ce qui se faisait en matière de graffiti dans le monde. On a été subjugué par cette forme d’expression artistique. Mais on a aussi constaté que c’était toujours des projets éphémères sur des lieux voués à la démolition, comme la tour 13 à Paris « . En effet, » il n’existait pas dans le monde de résidence dédiée au Street Art. C’est la voie qu’on a décidé de prendre « .
Dès le mois de mai 2015, apparaissent les premières oeuvres réalisées par des artistes régionaux. L’aventure commence alors et elle va très vite se faire savoir.
Le projet » Street Art City » est officiellement lancé en mars 2016. Pour l’occasion, Sylvie et Gilles organisent un événement solennel : » On a invité tous les élus de la ville, du département, la presse et les chefs d’entreprise pour faire une présentation du projet « .
En 2016, 51 artistes de 11 nationalités différentes ont été accueillis et ont participé au projet. Mais l’accès reste encore confidentiel.
En Avril 2017, « Street Art City » prend une toute nouvelle dimension : l’accès s’ouvre au public. » Cette année là, on a accueilli 74 artistes de 22 nationalités différentes « , précise Gilles.
En 2018, ce sont 85 artistes, venus du monde entier et de diverses disciplines qui sont attendus. Devant l’engouement, toutes les demandes ne peuvent être satisfaites, ajoute Gilles : » On a une liste d’attente de 900 artistes ! ». Cet intérêt s’explique par l’originalité de Street Art City, qui en fait un lieu véritablement unique au monde : « On a été qualifié de Villa Médicis des arts urbains, l’an dernier ».
De part sa fréquentation grandissante, ce site concourre à redorer a l’image, parfois encore négative, du Street Art et à le légitimer aux yeux du public et des institutions : » On participe, d’une certaine façon, à faire prendre conscience à toute une partie de la population que cet art qu’on a longtemps considéré, ou qu’on a voulu considérer comme simplement illégal, pouvait être aussi quelque chose de magnifique « .
À Street Art City, tout est fait pour que les artistes puissent s’exprimer du mieux qu’ils le peuvent, explique Gilles Iniesta : » Ils sont accueillis en résidence ; ils sont nourris et logés. On leur fournit l’ensemble du matériel dont ils ont besoin : des bombes de peintures, de la peinture liquide, des nacelles élévatrices… J’aime bien dire que l’artiste arrive ici avec ses vêtements et son talent. À partir de là, on le place dans une bulle de confort où il a une seule chose à penser : créer ! « . En moyenne, les résidences durent entre une et trois semaines.
Cette mise en valeur à des effets bénéfiques pour les artistes : « Ils veulent venir à Street Art City parce qu’ils se retrouvent dans les mêmes conditions qu’en ville, avec l’avantage d’être dans un lieu complètement légal, où ils peuvent s’exprimer en toute liberté « .

Ce projet n’attire pas uniquement des artistes. Les spectateurs répondent présents, montrent un vif intérêt et font preuve de curiosité : ils sont au rendez-vous et cela, dès l’ouverture au public en 2017 : » En cinq semaines d’ouverture au public l’année dernière, on avait accueilli des habitants de l’ensemble des départements de France. On a eu au moins une personne venant de chaque département « . Il y a également de nombreux touristes étrangers, intéressés par le Street Art qui viennent en France uniquement pour cette exposition unique.