Facéties du parlé local

S'il est une particularité propre à Montluçon, c'est bien le langage parlé des vrais montluçonnais, ceux de pur souche. "Ca jable dur !"... "Dis y pas! "... "Faut que t'y fasse !"... "Espèce de fafiot, t'y vas t-y cesser de me boullailler ?".... Telles sont quelques-unes de ces délicieuses expressions entendues çà et là, au détour de conversations. Le vrai "parleange" de Montluçon... c'est tout un poème !
Quelques exemples...
Par un hivernal dimanche après-midi, alors que j'arpente les hauteurs de Nerdre en direction de l'observatoire des Réaux en compagnie d'une amie montluçonnaise, une rafale d'un vent glacial vient subitement nous fouetter les oreilles. "Çà jable !", s'écrie alors Nat, montluçonnaise pure souche. Et celle-ci de rajouter : "Je commence à dardeller !".
Un matin, Joël, natif des environs de Montluçon, vient prendre le café à la maison. Il semble désemparé. Je lui demande ce qui ne va pas et il me répond : "Hier, j'ai attrapé accident !".
Une autre fois, devant les boites aux lettres massacrées d'une paisible résidence où je venais rendre visite à une amie, un voisin s'exclame, en me voyant arriver : "Complètement gablés ces jeunes ! Toutes ces dégradations, çà me boulaille !".
À Montluçon, le vocabulaire des mots locaux est riche en expressions et tous les Montluçonnais, comme tous les Bourbonnais, savent en effet ce que signifie : berdin (ou bredin), berlou, boulailler, bourbansser, bousiner, cheti (ce mot ayant plusieurs significations suivant la phrase employée), dardeller, déberlotter, fafiot, guechi, iona, jablé, jargeaud, mamau, souriller, taubia...
Mais le summum, c'est la grammaire...

Nous savons que la négation est constituée en bon langage français, du mot ''ne'' ou ''ni''. Or, les Montluçonnais (mais ils ne sont pas les seuls !) omettent régulièrement son utilisation. Ainsi, est-il très fréquent d'entendre : "J'en veux pas"… "J'entends pas"… "J'en sais rien"...
Certaines expressions sont encore plus typiques et savoureuses : "Qui que tu dis ?"… "Mais dis-moi qui que t'as fait çà ?"… "Qui que c'est ?"… "Où que t'y vas t'y donc ?"… "Qui qu'il a donc pour crier comme ?"...
Autre particularité, l'utilisation très fréquente du "y"

"J'y ai dis"… "J'y sais pas"… "Y a t'y mis de la crême dans le pâté aux pommes de terre"… "Vas-y pas"… "Y dis pas"… "Surtout dis-y rien"… "Tu viens t-y ?"… "T'as t'y vu çà ?"...
Dans tout langage, il y a aussi la musique des mots et à Montluçon, l'accent local est légèrement chantant mais se distingue notamment lors de l'utilisation comprenant des mots avec les voyelles a et o : c'est ainsi qu'un Montluçonnais prononce '' Moluçon '' pour Montluçon.
Ainsi, dans la " langue montluçonnaise ", comme dans toute autre, il faut considérer la prononciation, le vocabulaire et la grammaire et à Montluçon, l'accent et le langage sont certes typiques mais pas plus qu'en Savoie ou dans le sud du Cantal.
Tel est le français parlé à Montluçon. Chez les uns, il est fortement marqué, chez d'autres, moins sensible mais suffisamment ancré pour que deux Montluçonnais pur souche se reconnaissent entre eux loin des limites de leur région.
Pour finir, avant de m'en anner, ces quelques vers d'un poète local arrangés pour la circonstance !
'' Notre accent, il faudrait l'écouter à genoux.
Il nous fait emporter Montluçon avec nous,
Et faire chanter sa voix dans tous nos bagages,
Comme chante la mer, au fond des coquillages.
Il évoque à la fois notre très vieux Château,
Les fêtes de Septembre et le vin de Couraud ''.
— Anonyme