Bien avant l’invention du réfrigérateur, un homme avait eu l’ingénieuse idée de «fabriquer et exporter du froid» en utilisant judicieusement ce que la nature voulait bien lui donner.

Depuis l’autoroute des Titans qui mène à Genève, le voyageur perché sur un viaduc spectaculaire aperçoit les vestiges d’une longue bâtisse située sur la rive ouest du lac de Sylans cerné par les montagnes.
Des arbres peuplent l’intérieur de l’imposante bâtisse.
Sur une façade qui défie encore comme par miracle l’usure du temps est inscrit : “Glacières de Sylans. Société des glacières de Paris”..
Le site est aménagé pour une visite libre et gratuite (24 heures sur 24 et 7 jours sur 7).
Des panneaux pédagogiques longent le parcours jusqu’au ponton et racontent l’étonnante aventure d’un cafetier du coin, ainsi que l’histoire et le fonctionnement des glacières.

En 1864, les débuts étaient modestes, l’exploitation artisanale.
C’était dans un cabanon en bois que Joachim Moinat stockait sa glace tirée de la surface du lac de Sylans, gelé de décembre à avril.
Limonadier à Nantua, il l’utilisait tout simplement pour refroidir ses boissons. Il venait d’inventer le glaçon.
En 1869, sa petite entreprise était devenue une affaire florissante et la cabane de bois avait laissé sa place à une construction en dur de près de 150 mètres de longueur.
Le 17 janvier 1884, Joachim céda son activité à la Société des Glacières de Paris.
De 1885 à 1910, 20 à 30 wagons de 10 tonnes quittaient Sylans chaque jour (8 tonnes arrivaient quand même à destination).
“Les fermiers de la glace”, étaient environ 300 à se relayer, jour et nuit, pour découper les cubes de glace à la main.
Il s’agissait surtout d’agriculteurs du coin, qui trouvaient dans ce métier un complément pour l’hiver.
Stockée dans l’enceinte de l’usine, la glace était expédiée dans toute la France (Lyon, Paris, Marseille) et même jusqu’en Afrique du nord à Alger, à raison de 10 tonnes par jour, en moyenne.
La glace était vendue à des bars, restaurants ou hôpitaux
Puis c’est le déclin : l’apparition de la glace artificielle, des hivers moins froids, la Première Guerre mondiale…
La dernière récolte eut lieu pendant l’hiver 1916-1917. Les Glacières de Paris abandonnèrent le site cette année-là.

L’Office de Tourisme du Haut Bugey propose également des visites commentées.